Exception culturelle française et révolution digitale

Par Aurélie Cauchy-Laure pour Cliveman

 

A l’heure où le digital ne cesse de redistribuer les cartes, le secteur culturel, longtemps en marge au nom de la sacro-sainte exception culturelle française, se décide enfin à prendre le virage du numérique dans ses usages, ses pratiques, ses contenus et ses acteurs. Une véritable révolution qui oblige l’ensemble des acteurs du monde de la culture à repenser leur modèle économique pour demeurer financés, diffusés et leaders sur le marché français et international.

Quel est l’impact du digital sur la politique culturelle ?

L’innovation digitale se répercute sur les trois piliers de la politique culturelle :

  • La conservation et la présentation des œuvres, dont la numérisation soulève le problème de la volatilité des supports et des standards ;
  • L’attractivité et l’accessibilité de l’offre, le numérique ouvrant la possibilité d’y accéder à distance, notamment via des musées virtuels ou des banques de données numérisées ;
  • La création artistique, par le biais de nouveaux outils techniques utilisés depuis la conception jusqu’à la fabrication, qui révolutionnent le modèle économique de production.

En parallèle, de nouveaux moyens de médiation, mis en place au sein des institutions culturelles, réinventent « l’expérience-utilisateur » à travers la réalité augmentée, la 3D et les interfaces homme-machine. La France peut s’enorgueillir d’être, à cet égard, l’un des premiers pays au monde en termes d’applications mobiles dédiées à la culture et au patrimoine (175 références disponibles).

Le digital, incontournable dans la relation au visiteur ?

Si le digital fait évoluer en profondeur les métiers du secteur culturel, de la création à la promotion, c’est dans la relation au public (traduire : « consommateur ») qu’il devient incontournable. La transformation digitale de la médiation culturelle est en effet le facteur clé de succès. Stéphane Lissner, Directeur de l’Opéra de Paris peut en témoigner : 70% des ventes de la billetterie sont aujourd’hui réalisées en ligne. Mais pour y parvenir, il faut repenser toute la chaîne de la relation au spectateur. En misant sur le digital pour conquérir, engager et fidéliser les audiences, notamment les jeunes publics, le secteur pourra répondre au triple enjeu de l’attractivité, de la diversité culturelle et du développement des ressources propres.

Le digital à la rescousse du secteur ?

Dans un contexte de baisse constante des fonds publics et d’un besoin croissant de diversification des sources de financement, le digital devient un véritable levier de croissance pour l’industrie culturelle, dans la mesure où il renforce la proximité avec le public comme avec les bailleurs (pouvoirs publics, mécènes, partenaires, institutions…)

Qu’il s’agisse de campagnes de crowdfunding, de stratégies e-marketing en soutien du développement des ventes ou de plateformes en ligne proposant à la fois une billetterie et des services annexes, le digital, s’il est utilisé judicieusement dans une démarche de déploiement ciblée et organisée, permet à une entreprise culturelle d’atteindre et d’engager tout son écosystème, augmentant ainsi les chances d’accroitre ses revenus.

Comment ancrer une culture digitale dans un secteur dominé par le lien et le ressenti ?

Certaines industries l’ont déjà compris : prendre part à la révolution numérique nécessite de se transformer en profondeur.

Dans le secteur culturel, cette révolution ne peut s’opérer sans qu’il y ait en amont une forte volonté, depuis les pouvoirs publics jusqu’aux initiatives locales, de développer et de diffuser une vraie culture digitale. Il existe un large panel d’offres de nature à épauler les acteurs culturels dans la transformation numérique de leurs activités et de leurs organisations, notamment sur l’enjeu fondamental de la formation. Les entreprises culturelles ne doivent en effet plus hésiter à investir dans la « digitalisation » de leurs collaborateurs, autant que de leurs pratiques, pour poursuivre leur évolution et anticiper les mutations de demain.

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